
Ce n’est pas une mince affaire. C’est le fruit d’une longue réflexion, d’un long chemin préalable. Nombreux sont ceux et celles qui me demandent comment faire pour le devenir. La grande majorité de ces « prétendants » n’est même pas passée par la case sondage à demeure ni expérimenté en vrai une quelconque incontinence. Ici, vous ne trouverez pas d’adresse de clinique ni de chirurgien. C’est un chemin que vous devez mener seul, avec pour seul bagage une motivation à l’épreuve des balles. Cela reste un fantasme récurrent chez certains ABDL : devenir incontinent en vrai. Sauf que ce fantasme restera à l’état larvaire. Si j’y suis parvenu c’est que j’ai eu beaucoup de chance. En plus d’une motivation sans failles et prêt à affronter le regard, le jugement des « autres » , je suis tombé au bon moment au bon endroit et surtout avec la bonne personne. C’est ce détail qui a fait toute la différence. Un adage dit en substance « travaille beaucoup pour le jour où tu auras de la chance ». Je vais sans doute ressasser un peu mais laissez-moi vous expliquer comment le chemin des possible s’est finalement ouvert devant moi comme un signe du destin.
Mon parcours :
Nous sommes vers la fin des années 2000. Je reçois un gros chèque en guise de dédommagement pour la mort de mon papa survenu en 1979. L’entreprise qui l’employait a été jugée responsable de son décès (Amiante). Une somme rondelette mais qui me brûle les doigts. S’en suit une longue introspection sur le sens de la vie et tout le pack déprime qui va avec. En parallèle, le 24 Aout 2009, je fais la connaissance de Nathy. Elle est horrifiée de voir ce que j’inflige à mon zizi en mettant des sondes sur de longues périodes. S’en suivent plusieurs infections urinaires (heureusement sans gravité car j’ai déjà beaucoup d’expérience en la matière). Mais ces journées sans sondes me plombent le moral. Je deviens agressif et sombre. En Juin 2010, une sonde bricolée termine dans la vessie et impossible de l’enlever. Je dois filer aux urgences sous le regard amusé ou effaré des médecins (c’est selon). L’article de cette mésaventure est à découvrir ICI. Toujours en 2010, Nathy commence à faire un peu de nursing. Elle aime les pisseux (il y en a en effet). Elle réussi à se faire une petite cagnotte qui sert en partie aux accessoires de la nurserie. De mon coté je suis dans une impasse. Continuer et risquer de crever avec mes jeux ou bien tout stopper. C’est là qu’elle me parle d’une histoire vue sur ABK d’un type qui a été opéré. Je suis très dubitatif et je me rends compte assez rapidement que ce mec est un mytho. Je ne me souviens plus trop mais j’ai du rentrer en contact avec lui pour en savoir plus. C’est là que j’ai compris. Là elle me lance « mais pourquoi pas essayer ». Très rétif sur le moment (je suis comme ça), l’idée fait peu à peu son chemin. En février 2011, je me décide à envoyer une bonne trentaine de mails à vers des urologues tunisiens et marocains. La chance, c’est là qu’elle intervient : nous sommes en pleine révolution de Jasmin en Tunisie. Pour eux aussi, le champ des possibles s’ouvre à eux. Je recevrai 2 mails positifs en tout. Un du Maroc et un de la Tunisie. Bien qu’à l’époque le gouvernement français ne souhaite pas voir ses ressortissants partir en Tunisie, j’ai opté pour cette destination. La chance c’est aussi d’avoir une âme soeur qui m’a épaulé tout au long de ce périple. Mais aussi suffisamment d’argent pour réaliser ce rêve. Un rêve qui a subi de nombreux rebondissements semés d’embuches. La motivation m’a aidé à surmonter chacun de ces obstacles. Un soutien moral, financier, une motivation réelle, de l’expérience et beaucoup de chance. Voilà les ingrédients.
Ce que ça a changé :
J’ai longtemps douté du bien fondé de cette intervention. Est-ce que je ne vais pas regretter un jour d’avoir fait ce choix? Je ne peux toujours pas répondre à cette question vu que mon existence n’est pas encore terminée. Ce que je sais par contre, c’est qu’à l’heure où j’écris ces quelques lignes, je suis pleinement serein. Plus aucun trouble bipolaire depuis plus de 10 ans. Je vis pleinement cette incontinence et bien que cette dernière soit parfois contraignante, je ne m’en lasse pas. J’ai dit Trouble Bipolaire? ah oui en effet. Je suis donc un peu cinglé (mais pas épileptique). Socialement cela ne se voit pas trop. On me trouve bizarre mais sympathique. Michel de Montaigne disait à ce sujet « On construit des maisons de fous pour faire croire à ceux qui n’y sont pas enfermés qu’ils ont encore la raison ». Alors oui, je suis fou, nous le sommes tous un peu au fond. Car aimer porter des couches c’est quand même « un peu incroyable mais vrai « si on y réfléchi un tant soit peu. Vu que le monde ne s’adaptera pas à moi , j’ai décidé de m’adapter au monde. Ce me convient et j’aime cette vie de pisseux à vie.